Quel avenir pour nos territoires ruraux dans un contexte de baisse de financement aux associations locales ?
Animation rurale 44 est une fédération d’éducation populaire qui regroupe 84 associations en Loire-Atlantique, principalement en milieu rural. Sa mission principale est d’accompagner les dirigeant.es bénévoles et salarié.es pour consolider leurs projets et initiatives, porteurs d’une citoyenneté active.
Dans son manifeste pour un mouvement associatif, le Mouvement associatif énonce trois rôles centraux joués par les associations : le renforcement du lien social, l’humanisation de l’économie et le réveil de la démocratie. Nos associations adhérentes contribuent plus que jamais à ces enjeux en apportant des services indispensables au milieu rural pour la jeunesse, les loisirs, les transitions sociales et environnementales ; elles sont un moteur de l’attractivité des territoires ruraux et contribuent à l’animation locale. Leur rôle est d’autant plus important dans un contexte de défiance citoyenne face aux instances politiques, largement exprimée lors des dernières élections législatives.
Les récentes orientations budgétaires demandées au niveau de l’État et la réponse apportées par la présidente de Région des Pays de la Loire vont accentuer les difficultés vécues par les associations dans un contexte où les Départements vivent également des difficultés financières inédites. Dans le même temps, les collectivités locales vont subir les effets des restrictions du budget de l’État et pourraient s’interroger sur la baisse de leurs financements aux associations qui animent elles-mêmes la vie locale, proposent des services et développent le lien social et la solidarité. Ce contexte défavorable va inévitablement impacter la qualité de vie des populations et tout particulièrement au niveau des territoires ruraux.
D’un point de vue économique : la quasi-totalité des associations membres de la fédération sont employeuses et présentent en moyenne en 2024, 8,3 salarié.es chacune soit près de 700 emplois en milieu rural. C’est une véritable contribution économique aux territoires ruraux qui est aujourd’hui fragilisée.
41 % de nos associations adhérentes œuvrent pour la petite enfance, l’enfance, la jeunesse et la famille. Ces structures offrent des lieux d’accueil qui permettent de vivre le collectif et d’accompagner les citoyen.nes de demain. Elles permettent également aux familles de se projeter dans leur installation sur les territoires ruraux et permettent de maintenir une dynamique locale. Des baisses ont d’ores et déjà été constatée avec l’arrêt de la subvention PJC (subvention Projets Jeunesse) proposée par le département ou la difficulté à répondre à l’appel à projet Fonds Publics et Territoires qui a été recentrée en 2024.
Des baisses ont été constatées dès cette année, notamment au niveau du département, pour les associations membres qui œuvrent dans la musique, la danse et le spectacle vivant. Leur champ d’action est avant tout l’accessibilité à la culture pour le plus grand nombre et participent ainsi à l’attractivité des territoires ruraux. Les annonces de la Région Pays de la Loire vont accentuer les difficultés en cours, restreignant ainsi cette accessibilité de la culture pour toutes et tous.
Pour toutes les associations fédérées dans le champs d’action de l’accueil (Espace de Vie Sociaux, Cafés associatifs, tiers lieux), la transition écologique et sociale, la santé et le handicap, elles subissent différentes baisses de subventions. Elles sont poussées vers des appels à projet qui rendent difficile la pérennisation de l’activité.
Face à la fragilisation de l’action associative, la première adaptation évoquée par les membres fédérés est la non reconduction de postes et la réduction des projets. La seconde stratégie évoquée est la diversification des ressources par la multiplication de réponses à des appels à projets et autres financements, ce qui inquiète les dirigeant.es bénévoles et salarié.es sur les temps à y consacrer et les éloigne de leur action de terrain. Pour finir, la dernière adaptation est l’augmentation des tarifs, synonyme d’une moindre accessibilité et qui questionne les projets associatifs œuvrant pour la mixité sociale.
Nous, administrateurs.ices d’Animation Rurale 44, nous demandons une plus grande concertation entre les financeurs pour soutenir aux mieux les associations rurales. Communes, Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI), Département, Région, débattons ensemble de l’avenir des associations et de leur apport à nos territoires.
Pour le Conseil d’Administration d’Animation Rurale 44,
Le président,
Mickaël Viaud